
L’une des planches de Penguin of death
Se balader sur l’appstore, c’est un peu comme chiner chez un bouquiniste. On regarde au hasard ,on tâtonne, puis une application nous fait de l’œil, alors on clique pour accéder à son descriptif, à la manière d’un bibliophile qui ouvre par curiosité un bouquin oublié de tous, attiré par le titre inscrit sur la tranche. Souvent, que ce soit sur l’Appstore ou sur les étagères poussiéreuses d’un bouquiniste de quartier, nos recherches se révèlent infructueuses. On tombe sur un nombre incalculable de vieilleries sans intérêt, on croise quantité de babioles que personne ne lira ni ne téléchargera. La plupart du temps, un lecteur passionné n’entre pas chez un bouquiniste sans avoir une idée précise de ce qu’il cherche : il peut s’agir d’un livre bien particulier édité à telle date par tel éditeur, ou bien d’ouvrages traitant d’un sujet spécifique, disons la botanique ou l’homéopathie, ou encore plus spécifique, par exemple Le développement de l’irrigation dans la paysannerie tchécoslovaque au début du XXème siècle. Pour ma part, je vagabondais sur l’Appstore en suivant un objectif plus simple : télécharger des BD numériques. Je tape donc « bande dessinée numérique » dans la barre de recherche, déterminé à fouiller et à trier les résultats dans l’espoir de trouver une perle. Pour commencer, me sont proposées les applications habituelles (AveComics, espritBD, Izneo etc.), puis vint le tour de quelques créations originales, uniquement disponibles sur l’Ipad, souvent des projets transmedia déclinés en comics, jeu vidéo et film d’animation. Enfin, mon regard s’arrête sur un titre pour le moins étonnant: The Penguin of Death. Je clique : le descriptif est assez succinct, peu d’informations, seulement deux screenshots pas très explicites, aucun commentaire d’utilisateur… Bref, c’est le flou complet. Dans un élan de curiosité incontrôlable, je me dis : que diantre, qui téléchargera verra. Et je clique. Et j’ai bien fait, de cliquer… Mais qu’est-ce donc au juste que The Penguin of Death ? Eh bien, ce n’est rien d’autre qu’une BD numérique maîtrisée de la première à la dernière planche. Dans la forme, il est question d’une œuvre tout à fait banale, comme il en existe bien d’autres sur la tablette d’Apple. L’écran affiche toujours 4 ou 5 vignettes, les bulles apparaissant au fur et à mesure via une simple pression du doigt sur l’écran. Autrement dit, le processus de lecture se veut simple, conforme à ce qui se fait habituellement dans le monde encore balbutiant de la BD numérique. L’œuvre, en revanche, se démarque de la concurrence par son esthétique très « tim burtonienne », son scénario qui mêle habilement fantastique et investigation policière (pour faire bref : trois copains décident d’enquêter sur leur professeur, individu taciturne et esseulé, légèrement « timbré », dont les agissements ne manquent pas d’intriguer les trois détectives en herbe.). The Penguin of Death ne fait usage d’aucun effet visuel (mise en mouvement, zoom, effet de transition etc.), ni n’intègre de bruitages d’ambiance (bruit d’une porte qui grince, sonorisation des interjections ou onomatopées etc.). Seules quelques thèmes musicaux, tantôt guillerets tantôt plus lugubres (parfois les deux à la fois) accompagnent notre lecture. Bien entendu, il est fort probable que mon enthousiasme ne soit pas partagé par tous, mais les plus curieux pourront toujours tenter l’aventure, et ce sans débourser le moindre centime (les joies de la gratuité). Dans ces conditions, pourquoi se priver ?
Pour essayer The Penguin of Death : http://itunes.apple.com/fr/app/the-penguin-of-death/id489572016?mt=8